Aujourd’hui une maison construite en zone sismique, doit-elle être
construite avec un terre-plein ou un vide sanitaire ?

L’avis de l’expert

Téléchargez l’avis de l’expert en pdf

1

POUR BIEN COMPRENDRE L’INTÉRÊT DU VIDE SANITAIRE, NOUS ALLONS DÉJÀ FAIRE UN DÉTOUR SUR CETTE NOUVELLE RÈGLEMENTATION SISMIQUE


Le moins que l’on puisse dire c’est que : «ça bouge !» Le 22 octobre 2010 paraissaient :
• L’arrêté relatif à la classification et aux règles de construction parasismique des bâtiments de la classe dite «à risque normal».
• Le décret n° 2010-1254 «relatif à la prévention du risque sismique».
• Le décret n° 2010-1255 instituant le nouveau zonage sismique du territoire français. Ce sont les fondements de la nouvelle règlementation parasismique, pour tous les bâtiments dits «à risque normal» dont le permis de construire a été déposé à compter du 1er mai 2011.

Les objectifs sont simples :
• Le bâtiment ne doit pas s’effondrer sur les occupants ou des personnes se trouvant à proximité lors d’un séisme de référence.
• Le bâtiment ne doit pas subir de dommages dont le coût serait trop élevé au regard du coût de la structure elle-même, sous l’effet d’un séisme ayant une période de retour plus faible que le séisme de référence. Le séisme de référence est celui dont la probabilité qu’il se reproduise est de 475 ans.

Et les moyens aussi :
• Les calculs sont harmonisés à l’échelle européenne (Eurocode 8). Les règles PS-MI et Guide CPMI Antilles conservent leurs mêmes domaines d’applications en attendant le «Guide de conception et de réalisation des MI et bâtiments assimilés» établi selon l’Eurocode 8.
• Le plus grand soin doit être apporté aux conditions de réalisation des ouvrages (entre autres étude de sol pour déterminer la classe du sol : de A à E et agir en consé- quence)
• Les matériaux doivent être optimisés.Il faut savoir que 4 fois plus de communes françaises se retrouvent désormais concernées par la nouvelle règlementation.


De 5000 communes touchées par l’ancien zonage, plus de 20000 le sont aujourd’hui, soit presque 60% du territoire national. Ce nouveau zonage est basé sur une évaluation de l’aléa sismique grâce à une conception probabiliste de la sécurité, permettant une meilleure évaluation du risque réel (Est-ce une fois en 2000 ans que ça arrive ou tous les 300 ans «seulement») et non plus une méthode déterministe, très empirique faisant appel aux seules statistiques.

L’aléa sismique se rapporte au mouvement naturel du sol.
Par exemple, tout au long d’une grande faille, l’aléa est le même.

Par contre le risque, lui, est variable :
• Selon que cette faille traverse ou pas des zones habitées.
• Selon que les règles parasismiques sont appliquées ou pas sur ces bâtiments.
En fait, définir « l’aléa » c’est juger du niveau d’agression auquel va devoir résister le bâtiment. Pour cela, deux classes de bâtiments, équipements et installations sont distingués :
1. Les ouvrages dits « à risque normal » (ORN)
2. Les ouvrages dits « à risque spécial » (ORS).
Ce sont dans les ouvrages dits « à risque normal » qui sont « les bâtiments, installations et équipements pour lesquels les conséquences d’un séisme demeurent circonscrites à leurs occupants et à leur voisinage immédiat » que l’on va enfin retrouver les maisons d’habitation, qui nous préoccupent ici.

Quatre Catégories d’Importance des bâtiments,
définissent le risque encouru par les personnes ou le risque socio-économique causé par leur défaillance.
La maison individuelle se retrouve classée dans la Catégorie d’importance II :
Bâtiments dont la dé- faillance présente un risque moyen pour les personnes.
« Ce sont les maisons individuelles, les ERP de 4ième et 5ième catégorie, les bâtiments ne dépassant pas 28m de hauteur, dont peuvent faire partie les bâtiments d’habitation collectives, les bâtiments d’activité industrielle, de bureaux, d’usage commercial et qui de plus ne peuvent accueillir qu’un maximum de 300 personnes ».

Mais quelles sont les règles de calcul à appliquer selon le type de bâtiment ?
D’après ce tableau récapitulatif on voit que ce sont toujours les «PSMI 89» révisées 92, ou CP-MI Antilles, qui sont encore d’actualité :
Pour les zones 1 et 2 (aléas sismique très faible ou faible) : aucune obligation.
Pour les zones 3 et 4 (aléas sismique modéré et moyen) : application des PSMI 89 révisées 92.
Pour la zone 5 (aléas sismique fort) : CP-MI Antilles.
Ces règles PS-MI et Guide CP-MI Antilles conservent leurs memes domaines d’applications en attendant le « Guide de conception et de réalisation des MI et bâtiments assimilés » établi selon l’Eurocode 8.

2

COMMENT ÇA FONCTIONNE ?


Les efforts engendrés par le séisme ont pour origine l’accélération des masses de l’ouvrage.
Une des nouveautés de cette règlementation est d’introduire une accélération horizontale (m/s²) définie par ce qu’elle appelle «un spectre de réponse en accélération» qui sera forfaitaire ou non selon que la commune concernée, est visée ou non par un PPR sismique (plan de Prévention des Risques sismiques) à consulter en mairie.
En effet et ça aussi c’est nouveau, le code de l’environnement, dans son article L.125-2, impose le recours à l’affichage (pictogrammes) pour informer préventivement la population des risques majeurs encourus sur la commune, ainsi que des consignes de sécurité.

Ce spectre dépend de la zone de sismicité, de la catégorie de bâtiment et du type de sol sur lequel est construit le bâtiment. Les mauvais sols seront pénalisés, c’est heureux.
Il conviendra de faire réaliser une étude de sol pour apprendre que le sol est mauvais (par exemple) et prendre toutes dispositions pour adapter le système constructif à cette découverte en décidant – pourquoi pas – de réaliser un vide sanitaire plutôt qu’un terre-plein !

On retiendra que ces fameux efforts, engendrés par les masses du bâtiment une fois mises en mouvement par le séisme, doivent être véhiculés vers ce que l’on appelle les éléments de contreventement du bâtiment qui sont seuls susceptibles de s’opposer un certain temps au mouvement.

Dans le plan horizontal, ce sont les planchers qui jouent ce rôle de diaphragmes rigides indéformables pour la transmission de ces efforts, par l’intermédiaire des chainages. C’est uniquement grâce aux liaisons avec les chainages périphériques et au monolithisme amené par les poutrelles des différents niveaux de planchers, que le fonctionnement en diaphragme pourra s’établir et garantir un parfait équilibre de la structure.

De cette façon le bâtiment va rester intègre le plus longtemps possible pour permettre à ses occupants de l’évacuer en toute sécurité… et pour éviter ça :

Que s’est-il passé ?
La poussée a eu lieu, la boîte s’est
déformée et s’est effondrée sur les
occupants.

Si la boîte avait été fermée par un couvercle collé aux faces latérales, le système s’en serait trouvé rigidifié et aurait permis aux occupants d’évacuer en sécurité.


Ce sont bien les planchers qui assurent cette fonction essentielle de diaphragme et ce, dès le niveau Vide Sanitaire.
Dans le cas de Terre-Plein et pour réaliser ce diaphragme vital, il est impératif de lier le dallage aux murs périphériques et de refends, sinon :

Cette obligation revient à supprimer les solutions de dallage «flottants» encore rencontrés dans certaines régions malgré une sinistralité plus
forte…
Il faut les rendre «solidaires» des murs.

Les armatures de rives sont constituées dès lors, de barres HA 8 de 1,50m de longueur développée, façonnées en «U» et disposées tous les 15 cm. Armatures dont la présence et la mise en œuvre soignée sont déterminantes dans l’efficacité de l’effet recherché.

On pourrait leur préférer un dallage «porté», plus délicat à réaliser, plus cher que les précédents (pour une sinistralité à peine inférieure) et surtout beaucoup plus cher que le vide sanitaire.

C’est pourquoi dans tous les cas, les planchers en poutrelles béton sur vide sanitaire présentent l’avantage, grâce à leurs dalles de compression minces (4 ou 5 cm au lieu de 12 cm), d’avoir une masse réduite en regard d’une rigidité importante. C’est un avantage exclusif.

Ce phénomène de «rigidité légère» va considérablement diminuer l’effet «accélération des masses» vu plus haut et diminuer proportionnellement son impact dans le processus éventuel de dislocation du bâtiment.

En installant ce système constructif de diaphragme rigide, dès le niveau bas de l’habitation, on met tous les atouts de son côté pour construire «une boîte» offrant la meilleure capacité à résister aux sollicitations sismiques qu’elle pourrait être amenée à subir un jour.

Enfin les industriels des planchers, en fournissant des plans de préconisation de pose de leurs produits aux entreprises chargées de la réalisation, garantissent de cette façon, le respect des dispositions constructives définies dans les règlements en vigueur.


Dans cet environnement, rien ne peut plus être improvisé, oublié, interprété, mal compris, mal réalisé :

• Chainages périphériques
• Armatures de solidarisation avec les chaînages périphériques
• Treillis soudés
• Equerres ou U de liaisons
• Renforts d’ancrages éventuels
des poutrelles en rives
• Chapeaux de rives
• Chapeaux de continuités
• Renforts de trémies éventuels
• Toute armature qui serait spécifique à un système constructif particulier, rupteur ou autre.
• …/…

Cela fait du vide sanitaire le meilleur garant contre le risque sismique en maison individuelle.

Le vide sanitaire c’est la garantie d’avoir mis, en première ligne de son habitation, un rempart efficace contre l’agression d’un séisme destructeur.